Un samedi sans enfants,
des travaux en cours chez moi dans tous les sens,
une grande envie de m’octroyer une pause…

Dans ma liste des films à voir absolument, figurait le “Cercle des Petits Philosophes”, un documentaire de Cécile Denjean.
Pourquoi ? Cette année, j’ai suivi le parcours SEVE (Savoir Etre et Vivre Ensemble) qu’a mis en place Frédéric Lenoir que l’on voit pratiquer dans des classes à l’écran. Ainsi, depuis sa sortie, j’essayais d’emmener ma famille pour leur partager concrètement ce que je fais lorsque j’anime des ateliers philo. En vain : trop de choses à faire, plus de places de disponibles… Bref, cela ne devait pas être le bon moment, je trouverai bien une autre occasion de le leur montrer.
Donc me voilà, dans la salle n°1 du cinéma Saint-André-des-Arts.
La séance commence.
Nous sommes 5 dans la salle.
J’en sors, sous le charme et encore plus convaincue de l’importance de faire de la philo avec les enfants.
Quel beau voyage dans le monde des enfants !
Pas ce monde superficiel et aseptisé que l’on entrevoit dans les publicités vantant les mérites des céréales du petit déjeuner ou des jouets à Noël, celui des enfants obéissants, lisses, sans profondeur.
Mais le monde de toutes ces pensées qui traversent le cerveaux des enfants : des remarques pleines de joie ou de malices mais aussi des réflexions profondes ou étonnantes…
Lorsque l’on donne la parole aux enfants (et que l’on souhaite véritablement qu’ils s’expriment, cela s’entend), ils ont beaucoup de choses à dire, avec un regard d’une lucidité parfois déconcertante sur le monde des adultes.
Et difficile d’anticiper ce qui va être dit !
Pour les enfants, quelle incroyable expérience que de parler, d’être écouté, de s’écouter les uns les autres ou de choisir de se taire sans qu’un adulte ne vienne minimiser ou critiquer ce qu’il dit.
Pour les adultes, quelle ouverture et quel contrôle nécessaires pour accueillir la libération de leurs pensées en acceptant qu’elles ne correspondent pas avec ce que nous pouvions attendre / espérer !
Quelle puissance d’approcher les enfants sans attente, leur laisser prendre la place et s’approprier le sujet ! Juste les accompagner pour les aider à construire une pensée ensemble.
Ne pas faire de projection sur ce qu’ils vont dire !
N’est-ce pas un besoin fondamental auquel le philosophe répond ?
Le chemin qui mène à la construction d’une pensée est aussi beau que la pensée elle-même !
Dans nos vies de parents, remplies de notre travail (ou de l’absence de travail), de nos problèmes familiaux, de la logistique de la vie de famille, tout s’enchaîne de manière minutée.
Parfois notre enfant nous pose une question existentielle – mais ce n’est pas le moment – le repas à préparer, le frère à aller chercher au sport… – et hop, l’occasion d’être vraiment en lien avec lui vient de passer.
En reparler plus tard, lorsque c’est le bon moment pour nous… Cela ne marche pas toujours…
Mais lorsque nous saisissons au vol l’interrogation, que nous offrons de l’espace à notre enfant pour s’exprimer, que nous lui demandons ce que cela lui fait, en étant juste dans l’écoute : quel feu d’artifice d’étonnement, de découverte, de prise de conscience de la richesse de sa vie d’enfant !
Pendant l’année, dans ce tourbillon bien rempli, j’essaye d’être présente lorsque mes enfants ont besoin de moi – c’est souvent mon corps qui est là pendant que mon esprit vagabonde sur tout ce qu’il me reste à faire.
Je fais de mon mieux.
La pause estivale arrive.
Je vais profiter de mes enfants, en étant ouverte aux pépites qu’ils ont à dire et prête, moi aussi, à partager mes réflexions existentielles si elles émergent et à écouter leurs réactions…
… En attendant de découvrir, à la rentrée, les élèves de mes prochains ateliers philo.
Que de beaux moments en perspective, cet été et tout au long de l’année !