Je sentais l’étau se resserrer. J’avais hésité à ne pas aller au Ciné-débat à Mantes pour le film « Le cercle des petits philosophes ». Et pour autant j’espérais que la situation « se maintienne » jusqu’à la fin de la semaine. En regardant en arrière, j’avais une conscience du danger et des risques qui progressait et en même temps elle restait très intellectuelle avec des pensées contradictoires.
J’avais envie d’avancer dans mon projet ESS au lycée à Mantes dans la classe où les grèves de décembre nous avaient fait repousser des dates d’ateliers et de donner la formation de massage assis.
Le cœur et la raison qui essayaient de s’entendre dans cette situation inédite.
C’est la raison qui a gagné.

Pas facile de mettre de l’ordre dans toutes les émotions et les pensées qui passent. Une modeste tentative…

 

L’impensable

L’impensable qui est en train de se produire.
Comment une telle chose peut nous arriver, à nous Occidentaux, dans nos sociétés avancées, dans nos sociétés démocratiques avec toutes les infrastructures médicales ?
Nous nous pensons « tout puissants », imbattables. Quelle arrogance !
Nous avons juste cessé de réfléchir pour plaire à l’idole « Argent » : comment est-ce possible de nous retrouver sans masques car la production, délocalisée, est à l’arrêt ?

L’impensable peut arriver : nous ne sommes qu’une espèce sur terre parmi d’autres, soumise à la Nature.
Et cependant nous sommes une espèce « pensante » : quand avons-nous arrêté de réfléchir ?
Quand sommes-nous devenus esclaves de l’Argent ?
Et en même temps quelle est notre part de responsabilité individuelle et la part de responsabilité collective ? Il serait trop simple de trouver des boucs émissaires. Il me parait essentiel de vivre au jour le jour la situation tout en réfléchissant sur le suite. Plus jamais ça. Oui, mais ça quoi, précisément ?

 

S’adapter au confinement

Pour les devoirs des enfants, nous entendons tout le temps cette expression « la continuité pédagogique ». Comme si tout allait bien, comme s’il fallait à tout prix continuer comme si de rien n’était. Comme s’il fallait continuer à séparer l’apprentissage de ce que vit l’enfant, de toutes ses émotions.
A peine les enfants se sont-ils cru en vacances qu’on les a mis au travail. Et nous, les parents, en télétravail, qui devons continuer à fournir le même travail alors que nous sommes nous-mêmes submergés d’émotions : surtout, rester efficace professionnellement, réussir à s’occuper de nos enfants, faire du sport, garder la ligne…. Diktats qui nous éloignent de ce que nous vivons véritablement.

Pendant cette première semaine, j’ai fait de mon mieux : j’ai essayé de me gérer moi-même (mes peurs, mes envies folles dans les possibles et les limites offerts par la situation qui devenait plus tangible, etc.).
J’ai essayé d’aider les enfants à se retrouver dans le bazar des devoirs donnés par les professeurs sur Pronote et sur l’ENT.
J’ai essayé de gérer la logistique.
Mes journées étaient déstructurées.
Le temps passé à cuisiner et réfléchir aux repas, énorme et je me laissais happer par Netflix pendant la journée lorsque l’un des enfants était devant la télé.
Je n’avais pas toujours accès à l’ordinateur lorsque je me sentais prête à travailler.

Et pour autant, j’ai commencé à expliquer que je souhaitais créer un environnement où il était possible de partager ce qui se passe de bien ou de difficile pour nous, où nous pouvons interagir en harmonie (une semaine, c’est facile, mais deux, trois, quatre… ?), discuter des problèmes rencontrés, s’aider les uns les autres.
J’ai partagé mon envie d’un fonctionnement plus solide que celui de d’habitude, une envie de faire pousser des racines à chacun et collectivement pour ne pas être balloté par la vie : mettre en place un cadre comme dans mes différentes activités, un cadre sécurisant qui n’étouffe pas, au contraire, un cadre qui permet la créativité, l’adaptation et le développement personnel et collectif.

Bref, co-construire nos vies.
Vivre une expérimentation de « savoir être et de vivre ensemble » (Ca me rappelle quelque chose : )))

[Camp de base installé : en une semaine, ce n’est pas si mal que ça !]

Prenez soin de vous.
Bonne deuxième semaine !

Marie-Laure