Il y a 4 ans, je débutais un long arrêt maladie pour burn-out.
Un an d’arrêt maladie.
Le soir où j’ai compris qu’il fallait que je m’arrête, mon corps ne répondait plus. J’avais du mal à marcher. Je me traînais. Je n’étais pas attentive aux voitures qui passaient au risque de me mettre en danger. Je n’ai aucun souvenir de mon trajet retour du travail – en voiture…
Tous les mouvements me demandaient une énergie inouïe. Je n’arrivais plus à aligner deux idées. Je n’arrivais plus à savoir ce qu’il y avait à faire – même préparer le dîner, c’était comme l’Everest à monter.
Tout était flou. Je n’étais plus dans la vie.
La vie se passait en dehors de moi. J’étais vécue par la vie.
Au moment de mon arrêt initial, mon médecin m’a recommandé de me reposer à la campagne et mon mari m’a suggéré de faire une thalassothérapie. Je gardais un souvenir d’ennui profond d’une semaine de thalasso avec ma mère étant adolescente mais là, l’ennui était presque attirant.
Début mars 2016, je partais pour 5 jours de thalasso en Normandie.
Ce qui m’avait le plus attiré dans tous les soins proposés, c’était une cure de 5 jours “Modelages du monde”… Mon expérience en massage était limitée : parfois la nuque et le dos chez mon esthéticienne, toujours la même, une personne chaleureuse et attentionnée.
Je n’ai pas un très bon souvenir de ces modelages : les cabines étaient plongées dans l’obscurité ; c’était toujours une masseuse différente ; un string jetable indiquait que la nudité était attendue. Pendant le massage, aucun échange de paroles et parfois j’avais une folle envie de dire que la pression était trop forte ou que j’avais un peu froid – sans oser le dire, avec un sentiment de solitude alors que nous étions deux dans la pièce.
Et le “je vous laisse vous rhabiller” automatique qui vient clore la séance.
Se retrouver seule, nourrie d’une certaine façon mais insatisfaite, incomplète.
Généralement je filais me mettre dans un bain chaud pour me mettre dans un cocon.
Mon burn-out était un cri d’alerte que je lançais.
Je n’étais plus du tout à l’écoute de moi-même.
J’étais devenue une offre de services pour les autres.
Il n’y avait plus que des “il faut” notamment au travail.
Je ne savais plus ce que je voulais vraiment, au fond de moi.
Ma vie n’avait plus de sens.
Mais je savais que je voulais vivre.
Dans cette période de reconstruction, plusieurs éléments m’ont aidée :
-mon arrêt maladie (j’ai envoyé un mail à la Sécurité Sociale pour les remercier d’exister – ils ont été surpris de recevoir un mail de remerciement !) et le suivi de mon généraliste très à l’écoute :
-la compréhension de mes proches qui m’ont laissé du temps et de l’espace tout en étant présents :
-puis le Gestalt Massage® (en tant que stagiaire de la formation et en tant que cliente d’une praticienne).
En effet,
-le Gestalt Massage® travaille sur le schéma corporel : j’avais un corps (et encore, il était devenu maladroit et douloureux, c’était plutôt un poids), un esprit (qui avait perdu toute sa pétillante et sa réactivité), des émotions (parfois très fortes parfois inexistantes) mais ils étaient juxtaposés : rien ne les reliaient les uns aux autres.
-Le praticien/la praticienne a une écoute active pleine de bienveillance et de non-jugement. Il/elle n’a pas de projet pour vous : elle vous laisse, à votre rythme, trouver par vous-même ce dont vous avez besoin, en proposant des mouvements. A tout moment, vous pouvez demander l’arrêt de la séquence, une pression plus grande, d’être couvert par une serviette, etc. AU fil des séances, j’ai trouvé le courage d’exprimer ce qui était le plus agréable ou d’oser essayer quelque chose qui ne l’était pas pour voir (dans ce cadre sécurisé et bienveillant), ce que cela me faisait.
Pour moi qui n’avais pas pris soin de mes besoins depuis longtemps, c’était le début de ma résilience : je ne remercierais jamais assez Ulla Bandelow-Bécart et son mari d’avoir créé cette technique et l’institut dans lequel j’ai pu vivre et apprendre cet accompagnement, l’Institut Français de Formation Psychocorporelle.
- Si vous vous sentez pas très bien dans votre travail ou vous identifiez quelqu’un qui semble ne pas bien aller, pensez à faire le test de Maslash qui permet de mesurer / et donc de voir l’avancée de son mal-être au travail – https://www.medsyn.fr/perso/g.perrin/cyberdoc/outils/Test-Maslach.htm
Sachez que :
L’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail). L’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais l’empêcher. Cette obligation est une obligation de résultat (Cour de cassation, chambre sociale, 22 février 2002, pourvoi n° 99-18389), c’est-à-dire qu’en cas d’accident ou de maladie liée aux conditions de travail, la responsabilité de l’employeur pourra être engagée.
- Voici le témoignage d’une femme pour qui le burn-out a permis, comme pour moi, un changement de vie